mercredi 26 novembre 2014

Les citadins trient moins leurs déchets que les ruraux

Les citadins trient moins leurs déchets que les ruraux

Plus les appartements sont petits, moins les habitants recyclent leurs déchets, constate Éco-Emballages, la société qui pilote le dispositif national de tri des emballages ménagers.

Le constat est sans appel. On trie deux fois moins nos déchets ménagers en ville qu'à la campagne, affirme Éco-Emballages. La société privée, agréée par l'État pour piloter le dispositif national de tri et de recyclage des emballages ménagers, présentait cette semaine dans un centre de tri de Saint-Fons (Rhône) son bilan du recyclage 2013 en Rhône-Alpes et en France. Selon les résultats présentés, en zone urbaine, chaque habitant a en moyenne trié 30 kilos d'emballages par an, alors qu'en secteur rural, ce chiffre est porté à 54 kilos, voire 70 kilos dans certaines communes. Chez les plus mauvais élèves, le poids des déchets recyclés peut chuter jusqu'à 15 kilos par habitant.

L'explication est simple. «Le tri est lié à la superficie de l'habitat, 28% des personnes ne trient pas car ils ne savent pas où mettre leurs emballages, mais ce n'est pas une fatalité», analyse Richard Quemin, directeur régional Sud-Est d'Éco-Emballages. Ceux et celles qui trient le moins souvent leurs déchets dans les bacs jaunes ou verts sont des locataires vivant dans des logements de moins de 60m2 en zone urbaine dense, dans des logements sociaux ou dans un environnement sale ou mal entretenu, selon l'organisme. «Quand les locaux à poubelles collectifs des immeubles sont petits, débordant de poubelles mal triées, et dans des espaces sombres, ce n'est pas évident d'avoir le bon geste», ajoute encore Richard Quemin.

«Plus l'habitant trie, plus Éco-Emballages rémunère» Richard Quemin, directeur régional Sud-Est d'Éco-Emballages.

Plusieurs initiatives ont été lancées pour densifier les collectes et améliorer l'information auprès des habitants. À Saint-Étienne, une expérimentation a été menée en 2013 avec une équipe de sept «ambassadeurs», ces derniers étant chargés d'expliquer le recyclage aux habitants. Ils ont effectué des diagnostics dans des locaux et ajouté 20% de bacs de tri et mobilisé les habitants. Résultat: les «performances de tri ont augmenté de 57%», selon Éco-Emballage. La société a également fait réhabiliter dans une résidence stéphanoise les traditionnels vide-ordures afin de faciliter le tri-sélectif. Le premier bilan de cette opération s'avère positif puisqu'une augmentation de 37 % des déchets triées a été enregistrée.

L'incitation fiscale permet également d'améliorer les résultats. «Plus l'habitant trie, plus Éco-Emballages rémunère. Les industriels qui adhèrent à Éco-Emballages le font via une contribution financière au prorata du poids des emballages. Plus l'emballage va être “éco-conçu” avec une consigne de tri sur son emballage, moins il va payer, plus on a un emballage “perturbateur du recyclage” plus il va payer. En retour Éco-Emballages rémunère les collectivités locales avec l'argent des industriels, au prorata des tonnes recyclées», explique Richard Quemin. Et cette redistribution auprès des collectivités impacte directement la taxe d'enlèvement des ordures ménagères qui baisse lorsque le tri a été performant.

En 2013, Éco-Emballages a versé 566 millions d'euros à l'ensemble des collectivités locales, dont 48 millions d'euros aux collectivités de Rhône-Alpes pour les tonnes triées par exemple, soir 8 euros par habitant.

(Avec AFP)

VIA LE FIGARO

mardi 11 novembre 2014

Les outils indispensables du fermier novice

Berlin teste le magasin sans emballage

Adieu biscuits secs en sachet fraîcheur, barquettes de plats cuisinés et tranches de saumon fumé avec film protecteur! A Berlin, le premier magasin sans emballages a ouvert ses portes samedi alors que le recyclage des déchets devient une préoccupation grandissante.

Du café moulu colombien à l'huile d'olive grecque en passant par le savon au karité, tout est proposé en vrac chez "Original Unverpackt" ("Sans emballages d'origine").

On vient avec son sac en coton, ses bocaux en verre ou ses boîtes plastique et on les remplit de muesli, de riz ou de pâtes. Un système de consignes est également prévu pour les clients qui arrivent sans leur arsenal de contenants. Tout est ensuite pesé en caisse.

Ici on peut même apporter sa bouteille et la remplir de bière ou de vin rouge. Une envie de vodka? Elle est stockée dans une grande bonbonne et chacun peut acheter une fiole. Ou plus.

Idem pour les produits d'hygiène et la lessive. Le shampoing spécial cheveux gras est stocké dans un bidon de 10 litres muni d'un robinet. Quant au dentifrice, il est proposé en pastille.

Derrière ce magasin au décor soigné où l'on s'attend à voir apparaître l'épicier d'antan en tablier et crayon sur l'oreille, deux jeunes Allemandes de 24 et 31 ans, victimes d'une "overdose de suremballage".

"Il était important d'agir et d'être la solution au lieu juste de m'énerver contre la fin du monde programmée", souligne Milena Glimbovski, l'une des co-fondatrices.

- Ecologie préventive -

Avec le magasin sans emballages, il s'agit d'encourager une forme d'écologie préventive, le "precycling" plutôt que le recyclage de déchets, explique l'autre initiatrice du projet, Sara Wolf.

Les Allemands jettent en moyenne 16 millions de tonnes d'ordures par an, selon l'Office fédéral de l'Environnement.

Et les trois quarts des déchets retrouvés dans la mer sont des sacs, des emballages en plastique, des briquets et autres brosses à dent, qui mettent 350 à 400 ans à disparaître, selon le WWF.

"Notre société se préoccupe beaucoup trop peu du problème du plastique", estime la quadragénaire Kathrin Puzia qui compte faire ses courses "de temps en temps" dans ce magasin d'un nouveau genre.

"J'ai acheté des aubergines bio en pensant à l'environnement ", explique également une autre consommatrice, Lisa Specht. "Chacune était emballée dans un film en plastique. Où est le gain en matière d'écologie?", s'énerve-t-elle.

- Vente au poids -

Autre avantage non négligeable du magasin sans emballages: tout est vendu au poids. Fini donc l'achat d'un kilo de farine pour confectionner une fois par an une tarte aux poires ou une quiche lorraine.

On est loin ici du monde des hypermarchés avec néons où l'on pousse des chariots fatigués plein de produits au packaging racoleur.

"Outre le problème environnemental, l'industrie alimentaire joue avec nos sentiments pour nous faire acheter", explique Valentin Thurm, auteur d'un documentaire sur le gaspillage alimentaire.

"70% de nos achats sont des décisions spontanées d'où l'importance du packaging qui va avoir quelque chose de rassurant ou d'érotisant par exemple pour nous pousser à acheter", poursuit-il.

En Europe, le magasin sans emballages en est encore à ses balbutiements. A Bordeaux, en France, une épicerie de ce genre a ouvert ses portes en juillet. En Italie, deux magasins ont déjà vu le jour. La capitale autrichienne Vienne compte également une telle enseigne.

A Londres, en revanche, une expérience de ce type a échoué et l'échoppe a dû tirer le rideau.

Difficile pour le moment d'imaginer un grand supermarché sans le moindre emballages. "Ce concept doit rester un petit magasin de quartier pour combler les besoins du quotidien, par exemple +j'ai besoin de 150 grammes de maïs pour faire du pop-corn+", assure d'ailleurs à l'AFP Marie Delapérierre, qui a ouvert en début d'année le premier magasin sans emballage en Allemagne, à Kiel.

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